Littérature

L'avantage d'être intelligent, c'est qu'on peut toujours faire l'imbécile, alors que l'inverse est totalement impossible.

C’est à Woody Allen que l’on doit cette petite phrase (le titre du billet) pleine de bon sens… Elle s’accorde parfaitement au livre que je vais vous présenter.
Ou comment devenir un parfait imbécile heureux. Mode d’emploi.


Comment je suis devenu stupide

Martin Page

Ed. France Loisirs (Le Dilettante), 2001

Résumé

Antoine souffre atrocement. Il est gravement atteint d’intelligence, et dans notre monde, l’intelligence est un véritable suicide social. L’intelligence vous exclut de la société… Antoine est tellement intelligent qu’il ne parvient pas à être heureux, ni à vivre simplement: tout ce qu’il voit, sent, entend, touche, il essaie de le comprendre, de l’analyser, de le connaître (au sens propre). Pour se guérir, le jeune homme tente de noyer son intelligence dans l’alcool. Raté. Il rejoint alors un cours de suicide. Raté, à nouveau. Face à ces échecs, il décide de devenir bête… et prépare – intelligemment – son coup…

Mon avis

Les souffrances du jeune Antoine éclairent notre société d’un regard ironique, cynique, mais jamais condescendant. En bref, dans notre monde capitaliste et égoïste, où seuls le pouvoir, l’argent et les corps règnent, les gens -vraiment- intelligents n’ont pas leur place. A eux de se la créer. Mais attention, dans ce récit, l’intelligence ne consiste pas à aligner le plus de zéros sur un compte bancaire. L’intelligence présentée ici est une ouverture d’esprit, une curiosité, une compréhension et une connaissance, imprégnée d’humanité et d’altruisme. Vous comprenez donc pourquoi Antoine, cet extrêmiste de l’Intelligence, souffre…
A travers les pensées et les péripéties d’Antoine, l’auteur lâche quelques vérités, telles que « un être humain est si vaste et si riche qu’il n’y a pas plus grande vanité en cem onde que d’être trop sûr de soi face aux autres, face à l’inconnu et aux incertitudes que représente chacun », ou « c’est toujours soi que l’on corrompt le plus facilement ». De même, Martin Page reprend sa casquette d’anthropologue et repeint avec humour (et justesse!) notre environnement: l’ANPE devient « une salle climatisée aux phéromones de stress », les sportifs des salles de sport se changent en « galériens du muscle » obsédés par « la chirurgie de sueur »
En bref, les incroyables et farfelues (un brin) aventures d’Antoine en quête du bonheur sont un pur moment de plaisir et de rires. Qui goûte au sarcasme, à l’humour (parfois jaune, noir, coloré en somme) et au second degré, trouvera son compte.

Trois bonnes raisons de lire Comment je suis devenu stupide:
– Ces chroniques d’un imbécile heureux sont réjouissantes et offrent une lecture légère.
– L’humour et le rire, ça fait toujours beaucoup de bien (et en plus, ça muscle les abdos!).
– L’auto-dérision et la satire de notre société, ça ne fait pas de mal et ça remet les pendules à l’heure! Tout du moins, ça fait réfléchir…

Extrait (incipit du roman)
« IL AVAIT TOUJOURS SEMBLÉ à Antoine avoir l’âge des chiens. Quand il avait sept ans, il se sentait usé comme un homme de quarante-neuf ans ; à onze, il avait les désillusions d’un vieillard de soixante-dix-sept ans. Aujourd’hui, à vingt-cinq ans, espérant une vie un peu douce, Antoine prit la résolution de couvrir son cerveau du suaire de la stupidité. Il n’avait que trop souvent constaté que l’intelligence est le mot qui désigne des sottises bien construites et joliment prononcées, qu’elle est si dévoyée que l’on a souvent plus avantage à être bête qu’intellectuel assermenté. L’intelligence rend malheureux, solitaire, pauvre, quand le déguisement de l’intelligence offre une immortalité de papier journal et l’admiration de ceux qui croient en ce qu’ils lisent. »

26 commentaires sur “L'avantage d'être intelligent, c'est qu'on peut toujours faire l'imbécile, alors que l'inverse est totalement impossible.

  1. J’avais aussi beaucoup apprécié cette lecture. j’avoue, je suis une admiratrice de la plume de Martin Page, toujours très fine.

  2. J’adore cette phrase de Woody Allen, il faudra que je la retienne pour la ressortir à mes élèves qui feront le guignol !
    Ce livre a l’air très original, en tout cas, et m’intrigue beaucoup !

  3. Merci Marie (ou Mariel???? je ne sais jamais!)! je suis souvent passée à côté en allant à la f*** et je n’ai jamais osé l’acheter. Vu ton avis enthousiaste, la prochaine fois, je n’hésiterai pas!

  4. Excellente cette phrase de Woody Allen !
    Quant au livre, il a l’air plutôt sympa et surtout original !
    Je note ce titre.

  5. ah ah, belle lecture miss !!!! j’ai adoré ce livre en particulier , et cet auteur en général !

  6. Mais tu vas me le prêter, hein! Je crois en plus que c’est justement l’auteur qui doit venir dans la classe de ma fille. Il a aussi écrit « conversation avec un gâteau au chocolat »!

  7. Je t’en conseille deux très différents : le recueil De la pluie, petit traité original de chroniques sur la pluie que l’auteur affectionne, absolument savoureux et de mauvaise foi :)); et le très
    beau roman On s’habitue aux fins du monde.
    Bonne lecture…

  8. oui, c’est Peut être une histoire d’amour, c’est différent, mais j’ai aussi beaucoup aimé

  9. Voilà,je viens de le terminer et je suis ravie par cette lecture,je me suis amusée.Sous couvert d’ironie, Martin Page dénonce pas mal de choses sur notre société! je vais poursuivre avec On
    s’habitue aux fins du monde 😉

  10. Hop, je l’ai terminé ! :))
    Merci de m’avoir fait découvrir ce livre, Marie ! 😀 Un roman qui fait sourire, c’est toujours bon à prendre ! :))

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