Che, L’argentin
Che, Guerilla
Biopic* de Steven Soderbergh
(USA, 2009)
Avec Benicio Del Toro
L’Argentin et Guerilla formaient un tout au départ, un film de 4 heures. Finalement, le film a été scindé.
Le premier volet retrace la révolution cubaine, évoque la rencontre entre Fidel Castro et Guevara, ainsi que le 26 juillet, et montre quelques interventions de Guevera au siège de l’ONU. Tout
semble « facile » pour le guerillero: Fidel en fait son allié, son véritable bras droit; les hommes (réticents quelques secondes à l’étranger) lui obéissent au doigt et à l’oeil, aucun politique
n’ose prendre la parole contre lui à l’ONU. Le mythe est là, en chair et en os.
Le deuxième volet se situe en Bolivie. Le Che débarque et tente de former sa guérilla. Un imprévu, tout bascule, cinq années de travail clandestin fichu à terre (on aurait aimé en savoir plus:
comment a-t-il noué ses contacts? etc.)…C’est le film de la débâcle, de la fin: à chaque minute, on s’enfonce toujours un peu plus. Le Che et ses hommes ne sont plus que des loques. Rien à voir
avec la star de Cuba. « Un révolutionnaire ne démissionne jamais ». « Etre révolutionnaire, c’est être déjà mort ». Même pris au piège, le combat continue. Même ligoté, aux mains des soldats (le rôle
de la CIA est clairement mis en avant), le Che conserve tout son aura (très belle et tragique scène).
Mais…
Pourquoi Guevera s’est-il engagé auprès de Castro dans une révolution qui n’est pas la sienne (au départ)? Pourquoi ne pas montrer la distance qui s’amorce dès Cuba entre Castro et Guevara?
Pourquoi a-t-il abandonné femme et enfants pour moisir dans la jungle? Quels sont les idéaux du Che? Que développe-t-il dans ses carnets? Pourquoi est-il autant acclamé (et aussi rapidement)?
Qu’est-ce qui a fait si vite de lui un véritable dieu (et qui a effrayé ainsi tant de politiques)? A toutes ces questions, aucun élément (ou si peu) de réponse n’est apporté dans les films.
Loin d’être un « grand film mystique » (d’après Télérama), Che retrace assez superficiellement les combats du guerillero éponyme et il est regrettable de n’avoir pas développé ce pour quoi
ce dernier se battait. De même, le Che devait bien avoir des opposants à l’ONU, il aurait été intéressant de filmer les combats d’idées…Enfin, le « commandante » n’était pas que lumière, il avait
aussi ses zones d’ombre…invisibles dans ce biopic.
Reste que le film est bien ficelé (contraste très frappant entre une guérilla soutenue par le peuple et des partis politiques et une autre sabotée et abandonnée), la photo très belle et la
prestation de Benicio Del Toro, comme à son habitude**), parfaite.
*Biopic= abréviation de biographical picture (film biographique)
**Benicio Del Toro (extraits de sa filmographie): Las Vegas Parano, de Terry Gilliam (1998); Snatch, de Guy Ritchie (2000); Traffic, de Soderbergh (2001); 21 Grammes, d’Inarritu (2004); Sin City,
de Rodriguez (2005); etc.
Je voulais le voir, mais je l’ai manqué. Dommage.