Littérature jeunesse

Ca vous fait comment, vous, quand vous avez de la peine?

« J’ai un carnet que j’ai intitulé Mamamaman et, si je m’étais laissée aller, j’aurais couvert des pages et des pages de Mamamamamamama avant de mettre le « n » final, le moment où le mot se termine, et où il n’y a plus de mère que le nom. Mais je me suis raisonnée pour ne pas faire de « ma », ce possessif infini, l’illusion que ma mère était encore en vie. »

Mary a quartoze ans et ça fait trois ans que sa mère est morte. Elle conserve le parfum (L’Heure bleue) de sa maman, “qui sent encore elle”.
Nathalie Kuperman raconte de façon très sensible et sensorielle la douleur de Mary, son refus d’accepter la mort de celle qu’elle aime le plus au monde, sa maman.
Suivez les effluves de L’Heure bleue

L’Heure Bleue
Nathalie Kuperman


Ed. Ecole des Loisirs, 2009

A onze ans et quatre ans, Mary et Tania ont perdu leur maman.
Depuis, trois ans se sont écoulés. Les deux sœurs et leur père ont construit un fragile équilibre, chacun s’accrochant aux autres pour ne pas basculer. L’absence de la mère a cimenté l’amour qui unit les sœurs, indestructible et beau.
Un jour, Mary comprend que son père est tombé amoureux…d’une femme, une femme qui n’est pas sa mère.

L’histoire de Mary, c’est l’histoire d’un amour, d’une absence, d’une douleur. En un mot : d’un deuil.
L’arrivée d’une nouvelle femme va confronter l’adolescente à la réalité, elle sera forcer de la regarder en face. Alors qu’elle cherche par tous les moyens (les odeurs – dont le parfum -, les paroles) à retrouver sa mère, à entrer en contact avec elle (un carnet de mots « mamamaman »), elle va devoir accepter l’inacceptable : la mort de sa mère. Elle va devoir grandir, se tourner vers  la vie.
Ecrit avec une grande sensibilité (âmes sensibles, préparez les mouchoirs), ce court roman décrit bien les affres dans lesquels a chuté Mary : une ado qui a plus que jamais besoin de repères, qui  a plus que tout besoin de sa maman, mais qui est seule ; une ado qui souffre en silence et se réfugie dans des dialogues avec l’au-delà.
Le chemin vers l’acceptation sera long…

Un extrait du livre
Pages 20-21 de l’édition Ecole des Loisirs

« Tania et moi, on parlait peu de maman. Elle avait quatre ans quand c’est arrivé. A quatre ans, elle a connu la mort, la vraie. […]
Moi, j’avais onze ans, et quand papa m’a annoncé que maman était morte, j’ai dit: « j’m’en fous ». Et j’ai même pas pleuré. Tania non plus, elle ne pleurait pas. On aurait dit qu’elle ne comprenait rien. On était deux petites filles courageuses. On se donnait la main, on se serrait la main, on serrait nos dents, et nos fesses, et nos yeux, mais pas pleurer, pas tout de suite, et puis je ne sais pas si Tania ne comprenait rien, mais moi, je ne comprenais rien. On ne comprend rien quand sa mère meurt. Et quand on ne comprend pas, on n’est pas triste.
C’est bien de ne pas comprendre. On a envie de continuer toute sa vie. Mais la vie, on ne sait plus trop à quoi ça ressemble. On doit refaire sa vie, et refaire sa vie, ça ne veut strictement rien dire. »

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