Littérature

Du danger de la lecture… Qu'en pensez-vous?

Aujourd’hui, je voulais parler d’un livre de Joyce Carol Oates, une de mes lectures de l’été mais ce billet attendra, car il faut absolument que je vous parle de ma lecture de la veille!
Depuis quelques semaines, Les Yeux jaunes… et La Valse lente… de Pancol attendaient sur ma PAL. J’étais impatiente de les lire! Entre temps, j’ai lu un billet de Pimprenelle sur un autre
livre, plus ancien, du même auteur. Et j’ai tout de suite eu envie de lire ce livre, je savais qu’il me plairait. Hier, je l’ai trouvé dans une librairie. Aussitôt acheté, aussitôt lu. Une fois
ouvert, impossible de le refermer. L’idée même de couper, d’interrompre cette lecture (ne serait-ce que pour aller au petit coin ou pour regarder l’heure sur le réveil!) m’était inconcevable. Ce
livre, c’est ma lecture de la veille.



Un Homme à distance

De Katherine Pancol
2002
Ed. Le Livre de poche

Résumé

Kay Bartholdi, célibataire de 32 ans, est installée à Fécamp où elle tient, avec passion et enthousiasme (et c’est un euphémisme!), une petite librairie, « Les Palmiers
sauvages ».
Souscieuse de conseiller au mieux ses clients, elle ne compte plus les heures. Un jour, alors qu’elle est en vadrouille auprès des éditeurs parisiens, un Américain, Jonathan
Shields
, passe quelques heures dans sa librairie et s’y plaît tellement qu’il va solliciter les services de Kay: il laisse une note à son attention dans laquelle il lui demande de dégoter des
ouvrages anciens, des grands classiques, des moins connus… En bref, la librairie de Kay serait pour lui, Américain itinérant, son port d’attache. Kay lui rédige alors une première lettre: elle
accepte sa mission. S’ensuit alors une correspondance, tour à tour professionnelle, littéraire puis personnelle, intime. Enfin, tout à la fois. Une correspondance sincère, passionnée, amoureuse,
douloureuse. Jalouse, orgueilleuse. Insolente et impertinente.

Mon avis

J’ai beaucoup aimé ce court roman épistolaire. En voici des raisons:

1 – Kay et Jonathan, les personnages principaux, « jouent » à l’amour vache. Dès les premières lettres,
leur amour transparaît. En fait, je ne suis pas sûre que le mot « amour » convienne. Non. Ce serait plutôt une passion au sens propre du terme: un élan d’adoration, un élan de souffrance. Mais Kay
ne veut pas céder à son désir, elle a auparavant trop souffert et les morceaux de son coeur ne sont pas recollés. Kay est un personnage fort, sincère, qui n’hésite pas à se mettre à nu. Lucide et
pourtant rêveuse, pleine d’espoir. Quant à Jonathan, il se livre peu. Il a un côté plus sombre que Kay, un brin pervers car il utilise la souffrance de Kay et la force à se dévoiler. Il la
provoque, la pousse dans ses derniers retranchements. Mais il l’aime, c’est évident. J’aime ces deux personnages, ils ont vécu, souffert, aimé, et en sortent grandis. Malheureux, aussi.

2 – Les lettres sont empreintes de références littéraires, c’est une sorte de mise en abîme (des livres dans
un livre)
: Kay et Jonathan utilisent leurs lectures pour se dévoiler, pour se comprendre, comme si les livres pouvaient parler pour nous. J’aime cette idée. Elle est vraie. Bien que
fiction, tout roman contient des vérités. Quoiqu’il en soit, Kay et Jonathan évoquent avec fougue leurs coups de coeur littéraires, s’identifient aux personnages de leurs livres, vivent à travers
eux…vivent passionnément…ce qui m’amène à la 3ème raison.

3 –
Ce livre défend et illustre la thèse selon laquelle la lecture représente un danger (tout est relatif, hein). Je partage cette
idée, j’y ai toujours cru. La lecture, c’est une fenêtre sur d’autres mondes, une évasion, un envol, des ouvertures et beaucoup d’illusions, de chimères. Mais c’est aussi des émotions, des
interrogations, des réflexions… En effet, qui n’a pas lu un livre qui résonnait en lui? Qui n’a pas senti son coeur battre la chamade, s’emballer au cours d’une lecture? Qui n’a pas plongé en
pleine mélancolie, en pleine « errance spirituelle »? Jusque-là, on peut se demander où est le danger. Le voici: on a tous des failles et parfois un livre peut nous ébranler, peut nous bouleverser,
peut mettre notre vie en l’air… pour peu que qu’on soit « fragile », pour peu qu’on le désire (inconsciemment)… Un livre peut être un déclencheur ou un réveil, par exemple celui des souvenirs
ou des rêves pas encore assumés. Bref, la lecture est « dangereuse ». Et quand on ouvre un livre, on ne mesure pas les risques encourus… Comment deviner nos réactions???
Revenons au roman de Pancol. Kay et Jonathan incarnent parfaitement ces dangers de la lecture et l’effet dévastateur qu’un roman peut avoir quand il rappelle à la mémoire un passé douloureux…
Ils fusionnent avec leurs livres et c’est beau.

Je m’emballe, je m’emballe…
Mais j’ai aimé cette passion cruelle et fusionnelle, j’ai aimé ces semis d’histoires au coeur d’une histoire, j’ai aimé ces personnages totalement absorbés par leurs lectures.
Par ailleurs, je vous laisse lire le billet de Pimprennelle, en suivant le lien, qui a également
apprécié cette lecture, avec un bémol cependant (que je partage!).
Un autre avis, celui de Gio, qui a particulièrement aimé le genre du récit: une correspondance
littéraire qui donne le goût de lire…

A présent, je m’adresse à vous.
Sans en donner la (ou les) raison(s), quel est le livre qui vous a le plus bouleversé?
Celui qui a le plus résonné en vous…

Je commence…
Je dirais Disgrâce de J.-M. Coetzee.
Et aussi un peu Le Journal d’Hélène Berr (un vrai miroir par moment! Très déstabilisant).

11 commentaires sur “Du danger de la lecture… Qu'en pensez-vous?

  1. Je l’ai lu aussi il n’y a pas longtemps… Je suis moins emballée que toi mais c’était une lecture agréable !

  2. Je n’ai encore rien lu de Katherine Pancol mais ton billet m’en donne envie.
    Le livre qui m’a le plus bouleversée, c’est « Au-delà des illusions » de Duong Thu Huong.

  3. Il est dans ma PAL, j’ai hâte de le lire !
    Le livre qui m’a le plus bouleversée : Le Livre de ma mère d’Albert Cohen.

  4. Bon euh comment dire… J’ai vraiment détesté lire ce livre.
    J’ai un billet prévu à ce sujet d’ici quelques temps…

    Sinon j’aime d’amour les Mémoires d’une jeune fille rangeé, Antigone d’Anouilh. Et les poèmes de Baudelaire et Rimbaud m’ont donné envie d’exercer mon métier… Bref, c’est toujours difficile de choisir…

  5. Je crois que je suis définitivement fâchée avec Pancol … donc je ne le lirai pas. :/
    Sinon un roman qui m’a bouleversée ?
    « Les Demeurées’ de Benameur.

  6. Belle analyse! C’est vrai qu’on peut vraiment parler d’amour vache entre ces deux-là, surtout quand on connaît la fin 😉
    Je rajoute ton lien à mon billet 😉

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