Le dimanche, c’est poésie!
Poésie, un bien joli mot, que l’on emploie de façon légère! Quand un bellâtre lâchera quelques mots doux à sa dulcinée, celle-ci répondra certainement une niaiserie du genre: « oh, c’est beau ce que
tu dis, tu es un vrai poète! ». Ou encore, face à un coucher de soleil: « c’est magique! c’est plein de poésie! »…
La poésie subit les mêmes dérives que le Romantisme. Elle est partout et c’est bien difficile de la définir. En fait, il est impossible de la définir vraiment et encore moins de la cantonner à un
genre littéraire puisqu’elle le transgresse aussitôt pour s’immiscer dans les fables, les romans et le théâtre.
La preuve, tout de suite.
tragique, est tombée amoureuse d’Hippolyte, son beau-fils (c’est le fils de son mari Thésée, fils d’Égée et roi d’Athènes). Elle fait cet aveu à Œnone, sa nourrice et
confidente…
Phèdre
Mon mal vient de plus loin. À peine au fils d’Égée
Sous les lois de l’hymen je m’étais engagée,
Mon repos, mon bonheur semblait être affermi,
Athènes me montra mon superbe ennemi.
Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue ;
Un trouble s’éleva dans mon âme éperdue ;
Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler ;
Je sentis tout mon corps, et transir et brûler.
Je reconnus Vénus et ses feux redoutables,
D’un sang qu’elle poursuit tourments inévitables.
Par des vœux assidus je crus les détourner :
Je lui bâtis un temple, et pris soin de l’orner ;
De victimes moi-même à toute heure entourée,
Je cherchais dans leurs flancs ma raison égarée.
D’un incurable amour remèdes impuissants !
En vain sur les autels ma main brûlait l’encens :
Quand ma bouche implorait le nom de la déesse,
J’adorais Hippolyte, et le voyant sans cesse,
Même au pied des autels que je faisais fumer.
J’offrais tout à ce dieu, que je n’osais nommer.
Je l’évitais partout. Ô comble de misère !
Mes yeux le retrouvaient dans les traits de son père.
Contre moi-même enfin j’osai me révolter :
J’excitai mon courage à le persécuter.
Pour bannir l’ennemi dont j’étais idolâtre,
J’affectai les chagrins d’une injuste marâtre ;
Je pressai son exil, et mes cris éternels
L’arrachèrent du sein, et des bras paternels.
Je respirais, Œnone. Et depuis son absence,
Mes jours moins agités coulaient dans l’innocence ;
Soumise à mon époux, et cachant mes ennuis,
De son fatal hymen je cultivais les fruits.
Vaines précautions ! Cruelle destinée !
Par mon époux lui-même à Trézène amenée,
J’ai revu l’Ennemi que j’avais éloigné :
Ma blessure trop vive aussitôt a saigné.
Ce n’est plus une ardeur dans mes veines cachée :
C’est Vénus toute entière à sa proie attachée.
306
Edelwe, Mango, Emmyne, Paradoxale, Chrestomanci, Laurence … Ankya, Herisson08 ,Anjelica , Schneeweiss , George, Uhbnji, Fleur… Sur le blog de Celsmoon, vous trouverez la liste complète des « voyages
poétiques »…
J’aime beaucoup ton idée!!! et ça me rappelle ton défi classique que je prépare en me concentrant sur les oeuvres théâtrales! Bon Dimanche Marie.
Tu as raison, c’est un beau moment de poésie!
Ah Phèdre 🙂 une si belle oeuvre !
Une jolie façon d’amener cela 🙂
Phèdre, quelle magnifique pièce ! Je ne l’ai jamais vu sur scène, il faudrait que j’y remédie. Et toi, l’as-tu déjà vu ?
En réponse à ton commentaire, oui tjs sur mon mémoire, mais c’est vraiment un sujet pationnant et le livre que je suis en train de lire se lit « tout seul ». Je te le conseille vraiment !!
Que dire qui ne tombe dans la plate béatitude après une telle leçon d’écriture ? Je le ds quand même. Maginfique !
Que j’aime cette pièce et cette écriture!!
Ca me rappel mes années lycées ça ou j’avais dévoré des pièces de théatres a en faire une overdose (si cela est possible bien sûr).
Y en aura certainement une ou deux dans le défi classique ^^
Ah quelle bonne surprise! j’adore Racine! je n’avais pas pensé aud dix-septième siècle français. Il y a de très bonnes choses…