Littérature

Thérèse Raquin a le diable au corps

Une nouvelle fois, Nelligan ne sera pas sur la route de ce dimanche… Néanmoins, la plume poétique de Zola égaye tristement ce dimanche…
Lecture commune (et, on ne peut plus, classique) avec Neph.

therese-raquin.gifThérèse Raquin

Emile Zola

(1ère éd. 1867)
Le Livre de poche (Coll. Les classiques), 2009

notation_etoiles_5.jpg

Résumé

Madame Raquin élève seule son fils Camille, enfant chétif et maladif. Très tôt, son frère lui demande de recueillir une petite fille qu’il a ramenée d’Afrique avec lui. Madame Raquin accepte et  les deux enfants grandissent ensemble, choyés, gâtés et assommés de traitements médicaux. Alors que l’un devient égoïste, veule et souffreteux, l’autre est brimé, sa fougue éteinte par les odeurs et les élans fiévreux… Tout naturellement, Camille et Thérèse se marient et emménagent à Paris, avec leur mère. Là-bas, Camille retrouve Laurent, un ami d’enfance. Laurent, un fils de paysan, brute et vigoureux. Il n’en faut pas plus pour réveiller la fougue de Thérèse…
Avis
Emile Zola n’a pas son pareil pour décrire, décrypter les comportements humains. Avec justesse et finesse, avec réalisme et poésie, il met l’âme à nu, sans rien passer sous silence. Sans artifice, les noirs désirs sont révélés, les souffrances sont peintes. Mais, mais, mais… on ne peut pas en vouloir à ces personnages, on ne peut pas les blâmer. Précisément parce qu’ils sont « humains ». Précisément, parce que, comme souvent chez Zola, on a assisté à leurs « débuts », à leurs rêves, à leurs « bons » désirs ou à leurs difficultés. Après tout, pourquoi Thérèse devrait-elle être condamnée dès sa jeunesse à ne jamais connaître la volupté? Pourquoi n’aurait-elle pas un petit morceau de ciel bleu? Bref, dans ce roman, Zola décrit sans complaisance les passions humaines, ces passions qui conduisent à la déchéance, à la misère la plus complète… à l’asservissement, à la mort.
Par ailleurs, Thérèse Raquin se rapproche d’un huis-clos psychologique: une grande partie de l’histoire se déroule dans les murs, dans le fond de commerce de Madame Raquin, triste et pathétique spectatrice du drame. Chaque sortie conduit les personnages à s’enfermer davantage et à exacerber, malgré eux, leurs peurs et leur haine, leur culpabilité. Au fil du roman, la tension croît, jusqu’à en devenir palpable et pesante, à l’instar des tragédies antiques… Les destins des quatre personnages sont d’ailleurs « dignes » d’une tragédie: passions, rapports de domination, témoin passif, et la folie, l’Etrangère qui cristallise les maux…
De même, ce roman flirte avec le fantastique: les cauchemars de Laurent et Thérèse sont si violents qu’ils imprègnent le quotidien et se confondent quasiment avec la réalité.
François, le chat de Madame Raquin, trompe également: figure de superstition, figure hautaine, témoin oculaire de l’adultère, i semble concentrer les différents maux au point d’effrayer les protagonistes.
Entre huis-clos psychologique, tragédie et fantastique, le lecteur n’a pas le temps de s’ennuyer et les pages défilent…

Trois bonnes raisons de lire Thérèse Raquin:
– L’âme humaine mise à nu, sans artifice. Ou comment les passions humaines peuvent déchirer des êtres et les conduire à la folie… et à la mort.
– Un huis-clos psychologique haletant, sombre, misérable.
– Un roman qui mêle tragédie et fantastique: funestes destins et cauchemars trop réels…

Extrait de la préface, par Zola:
« Dans Thérèse Raquin, j’ai voulu étudier des tempéraments et non des caractères. Là est le livre entier. J’ai choisi des personnages souverainement dominés par leurs nerfs et leur sang, dépourvus de libre arbitre, entraînés à chaque acte de leur vie par les fatalités de leur chair. Thérèse et Laurent sont des brutes humaines, rien de plus. »

Je crois savoir que Neph a aimé ce roman… Allons voir ce qu’elle en écrit…
Lu dans le cadre du
Défi J’aime les classiques!
Vous aurez sans doute remarqué que j’ai peu publié ces derniers temps (des empêchements, des priorités moins sympas). J’ai pris du retard dans la lecture de vos blogs, mails et commentaires. Je fais ce que je peux pour rattraper ça! En conséquence, le billet récapitulatif du défi aura aussi un peu de retard. Il ne sera publié que demain (voire mardi, au pire). J’en suis navrée…

defi_classique.jpg 2 livres lus sur 13.

Mon billet sur L’Assommoir.

27 commentaires sur “Thérèse Raquin a le diable au corps

  1. Zola est un de mes auteurs preferes, tout comme toi, j’ai adore Therese Raquin, en le lisant, on a un peu un mini-condense des caracteristiques et des sentiments qui nous suivent dans les
    rougon-maquart, le cote funeste, macabre, haletant comme tu l’as dit, la folie, la misere, le realisme…bref, c’est un vrai classique (meme si ce n’est pas mon prefere de Zola!)Bon courage a toi
    pr la session2du challenge demain!

  2. Encore désolée pour le retard de publication ! Je l’ai beaucoup aimé, comme toi, et l’ai trouvé terrible de fatalité. La fin est superbement tragique, oui ! Finalement, notre avis se rejoint
    beaucoup.

  3. jamais lu.
    dis je peux publier mon billet « j’aime les classiques » sur pantagruel de rabelais après demain ou c’est trop tard ? 🙂

  4. Pareil que les autres, c’est un de mes Zola préférés, grâce au huis clos psychologique justement, bien plus palpitant que les longues descriptions de « Au bonheur des dames » par exemple.
    J’espère que ton emploi du temps n’empiète pas trop sur ton moral, dis ?

  5. Bien aimé ce roman. En revanche, mes secondes l’avaient trouvé très répétitif … étonnant. Moi qui pensais qu’ils allaient aimer le glauque ! 😀

  6. Je l’ai lu il y a … une éternité! J’adore Zola, toi aussi, à ce que je vois… 13 mois ne te suffiront pas à relire ou lire tout Zola! Bonne semaine!

  7. J’en ai lu deux de Zola, « Germinal » et « Le rêve » (que j’avais bien aimé). En ce moment je ne suis pas tentée par les classiques français. Je suis plus attirée par les classiques anglais. D’ailleurs
    je participe au challenge « English classics ».

  8. Rien à voir avec ce cher Zola mais j’ai lu le manga que tu m’as demandé ce week-end exprès pour toi ! 🙂
    Pas mal mais sans plus… tu auras le billet dans quelques jours !
    Choco, à vot’service ! 😀

  9. j’ai trouvé zola différent dans celui-ci. pour moi ça reste assommoir mon préféré qui m’a donnée envie de continuer à lire zola

  10. Je suis étonnée par ton billet… Ce livre, il a toujours été dans la bib de mes parents, donc une éditions datant des années 60. J’en ai toujours trouvé le titre et la couv’ rédibitoire. J’ai donc
    toujours fuit ce livre, a tord manifestement !

Les commentaires sont fermés.