Spectacle, musique

Lettre ouverte à Ibrahim Maalouf

« Improbable, comme un hommage aux choses improbables qu’on doit rendre probables. Sinon on s’emmerde dans la vie. »

Jazz à Vienne 28 juin 2016Théâtre antique de Vienne, mardi 28 juin 2016. Le soleil, toujours dans sa course, réchauffe ce lieu mythique tout autant que la foule, massive. Nous sommes prêts, nous t’attendons. Il est 20h30, une voix résonne dans les haut-parleurs et annonce ta venue. Tu arrives aussitôt sur scène, le pas léger, presque aérien, et rapide. Tu nous salues, un sourire chaleureux aux lèvres. La soirée ne sera pas une simple soirée d’ouverture, non, tu nous promets LA soirée. Et ton enthousiasme nous saisit.

Jazz à Vienne 28 juin 2016Ce 28 juin t’est réservé, la scène t’est offerte, comme un remerciement pour ta cinquième participation au festival, comme une reconnaissance à l’artiste que tu es. Artiste avec un grand A: tes doigts aussi agiles qu’ailés s’agitent ou s’envolent avec célérité et dextérité sur une trompette, sur un piano, sur des percussions… Multi-instrumentiste virtuose tu es. « Le tambourin est la batterie de la musique arabe. » ou comment profiter de la scène pour quelques minutes d’enseignement!

Musicien certes virtuose, mais aussi généreux et simple. Baskets blanches aux pieds, jean noir, t-shirt noir : une tenue de scène qui s’efface derrière les instruments, qui laisse la place à la Musique. « Black light »… Simplicité de la tenue, humilité de la personne. De tes gestes, de tes intonations, de ta voix aux accents doux et chaleureux, émanent une franche sympathie. On irait volontiers s’asseoir sur un banc avec toi et refaire le monde en écoutant des vieux albums. Pourtant, comme bon nombre d’artistes, tu aurais pu te laisser séduire par les chimères de la gloire, par les nombreuses distinctions reçues… Oui, tu aurais pu prendre la grosse tête et céder aux « m’as-tu vu ? ». Mais, ta tête, bien qu’en « haut de l’affiche », semble bien ancrée sur tes épaules et tu considères avec égard et amitié ton public, c’est-à-dire nous. Tu nous offres ta musique, tu nous offres des invités (la maîtrise de Radio France et Sofi Jeannin entre autres) et tu t’offres aussi à nous. On se sent bien avec toi, Ibrahim.

Généreux, tu ne l’es pas seulement avec nous. Tu l’es aussi avec tes musiciens. Vos échanges, vos sourires, vos gestes révèlent votre complicité. Les mots que tu as pour eux, ta façon de nous parler d’eux, montrent ta bienveillance, ton respect. Tu n’es pas juste un grand artiste, tu m’as tout l’air d’être aussi un grand homme.

Jazz à Vienne 28 juin 2016Et, en plus, tu es drôle. Aussi à l’aise avec un instrument dans les mains qu’avec un micro. Tu sais parler, tu sais choisir les mots, tu sais grimacer, et tu sais nous faire rire ! Mais pas seulement rire : tu sais aussi faire se lever et danser, en rythme et à l’unisson, tout un amphithéâtre ! Soit 7000 personnes environ, toutes générations confondues. Et ça, Ibrahim, c’est beau ! C’est beau à voir ! Et c’est beau à entendre ! Car, non content de faire danser tout ton public, tu as aussi voulu le faire chanter ! Ton enthousiasme est tel qu’on pourrait croire à l’origine religieuse de ce mot : tu es animé, possédé par ton art. Tu nous transportes avec toi. Tu nous évoques tes rêves, tes délires, et nous te suivons. Sans hésiter. Véritable communion entre un artiste et son public. « Lâchez-vous! Qui a dit qu’un concert de jazz ne pouvait pas bouger autant qu’un concert de rock?» « We are the world. »

La scène se transforme en petit terrain de jeux pour toi : d’un instrument à l’autre, d’un musicien à un autre, d’un aparté à un autre… Tu rebondis, sans cesse en mouvement, à l’instar de tes compositions. De la première partie, l’album  « Kalthoum » en hommage à l’Astre d’Orient (la chanteuse égyptienne Oum Kalthoum), aux inspirations plus « classiques » du jazz, tu nous emmènes à la seconde partie, l’album « Red & black light », beaucoup plus vif, un jazz aux accents très électro, parfois rock ou même reggae. C’est transcendantal.

Homme de scène virtuose, généreux, drôle, enthousiaste. Tu es génial !

Et tu nous as offert une soirée merveilleuse : on a ri, on a chanté, on a dansé, on a rêvé. Merci, Ibrahim. MERCI.

« Terminer en se disant bienvenue. Ya Ha La… c’est le même « H » que l’anglais. C’est le petit côté british de l’arabe. »

« Elephant tooth, parce que c’est super important les dents des éléphants. »

 

 

 

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